domingo, 13 de junio de 2010

Ahmed, errant et sage



Ahmed. Si les académies laissaient entrée aux théories vécues, ils nommeraient à Ahmed académique dans la lettre « E », par sa façon de recueillir l'acidité et les ennuis des rues d'Essaouira. Disciple d'Emile Zolà, amant de Jacques Brel ou Mahmoud Guinea et partisan des théories de Gandhi, Ahmed garde la mémoire des jours qui sont enregistrés, à coups de pierre et à compte-gouttes, dans multiples parties de leur corps ; un petit corps blessé depuis qu'est né ce jour de l'année qui n'existe pas : le 29 février qui l'a transformé pour toujours en une âme nomade et sage. Âme de bandit de chemins, il marchande en assaillant l’inattendu ce qui l'abandonne sans un dirham. Âme de poète, exalte l'amour par lequel restitue ses rêves. Garde de la ville qui surveille chaque jour depuis sept heures du matin, aborde les heures sur un constant marcher, toujours dépêché, où il cherche sans trouver, en percevant avec la dureté le sarcasme et l'ironie, les avatars quotidiens de l'injustice et l'inégalité. Ahmed prépare la tagin d'agneau ou le thé à la façon saharaui qui, pour lui ne sont pas plus que simples arrêts dans son monde de magie, d’où il sort aussi pour rappeler comme les dictées de la géopolitique occidentale peuvent prêcher la libre circulation des personnes, en mettant au même temps son veto aux gens qui risquent leurs vies dans des chaloupes. Ahmed, passionné et ferme, et de sourire coquine, parle des sièges de première et seconde classe des falukah, réservés ces derniers pour sub-sahariens, qui pour tout – insiste-t’il, il y a des classes. Ahmed, il retourne à se lever à sept heures, après la nuit magique, pour conquérir le bonheur qui, selon la tradition, doit être cherché chaque jour avant le réveille des oiseaux.

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